3

— Le type s’appelle Guy Travernier, disait Ballantine au moment où Morane ouvrait la porte donnant sur la rue, et son agence c’est Publipublic, boulevard Saint-Michel, quelque part en face du Luxembourg…

Bob referma la porte, et Bill son moulin à paroles.

Pendant quelques instants, les deux hommes s’immobilisèrent sur le seuil. La nuit s’était évanouie, comme si elle n’avait jamais existé. Les rayons obliques d’un soleil tout neuf caressaient l’eau légèrement embrumée de la Seine dans le matin frais, et le ciel était d’un bleu délicat, vaguement turquoise. Depuis que les trois quarts des Parisiens avaient déserté la capitale, depuis surtout que des dizaines de milliers de voitures avaient cessé d’y rouler, le ciel de Paris avait retrouvé une seconde jeunesse, une grande partie de sa pureté.

Quant au silence, c’était tout simplement quelque chose d’incroyable.

Le regard de Morane glissa sur le corps de l’homme, toujours appuyé contre le mur, là où Ballantine l’avait déposé à la fin de la nuit, puis sur ceux qui gisaient à même l’asphalte de la chaussée, sur les trottoirs, et cela aussi loin que pouvait porter le regard. De loin, justement, on aurait pu croire qu’il ne s’agissait que de vulgaires paquets de vêtements épars, jetés n’importe où, bien visibles maintenant dans cette lumière guillerette et dorée d’un petit matin de printemps.

Si ç’avait pu n’être que des paquets de vêtements !…

— Ils ne sont pas encore passés, dit Bill.

— Trop tôt, murmura Bob.

Ils, c’étaient les ramasseurs de cadavres, les croquemorts d’une voirie nouveau genre. Des gens de l’armée, de la police, de la Croix-Rouge ; des civils aussi, des volontaires, femmes et hommes qui n’avaient pas cédé à la panique, participé à la folle débâcle, fui la grande ville pour gagner le fallacieux refuge de la province, des campagnes, où le mal – on ne l’ignorait pourtant pas, car on l’avait assez répété –, n’était pas moins virulent, frappait tout aussi aveuglément.

N’importe qui, n’importe où, n’importe quand !

— Allons-y, dit Morane.

Ils se mirent en marche, longeant les façades du quai Voltaire et se dirigeant vers l’île de la Cité.

— Travernier… ? reprit simplement Bob.

— Je ne sais pas grand-chose, en définitive, reconnut Ballantine. Il dirige sa propre agence et, si mes renseignements sont exacts, la Gold Smoke est sa première grosse affaire.

— Tu l’as touché personnellement ?

— Non, commandant. D’ailleurs, si ça se trouve, il a fort bien pu passer l’arme à gauche, le Travernier. Faut reconnaître que c’est dans l’air, en ce moment. Ou alors, il aura levé le camp, comme tous les autres…

Au bout du quai Malaquais, ils prirent la rue de Seine, en direction du boulevard Saint-Germain. Des formes sombres leur filèrent sous les pieds, véloces, furtives, abandonnant le corps d’une femme qui barrait l’étroit trottoir de toute sa longueur. Les deux amis contournèrent le cadavre étendu sur le ventre.

— Les rats ! grinça Ballantine en serrant les mâchoires.

Fataliste, Morane haussa légèrement les épaules en signe d’impuissance.

— Sales bêtes, grogna encore Bill entre ses dents.

Sans s’arrêter, il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Les petits mammifères s’étaient immobilisés à quelque dix mètres du corps. Sitôt les deux hommes passés, à bonne distance d’eux, le plus hardi se mit à trottiner en sens inverse, vers la dépouille inerte, et les autres suivirent le mouvement. L’Écossais se détourna en réprimant un frisson.

— J’arrive pas à m’y habituer, murmura-t-il.

— Tu parlais de Travernier, dit Bob pour obliger son ami à penser à autre chose.

— Ouais, ouais…

Très loin, assourdi autant par la distance que par les murs des immeubles, le bruit caractéristique d’un moteur de voiture se fit entendre soudain.

— Les croque-morts, probablement, commenta Bill. Y a pratiquement plus qu’eux qui roulent dans Paris…

Et le géant enchaîna, sans logique apparente :

— Le plus bizarre, finalement, c’est le silence… Trouvez pas, commandant ?

N’attendant pas de réponse, il poursuivit :

— Tout à fait comme dans un rêve, pas vrai ? Quelque chose d’étrange, d’irréel… Ou comme dans une ville fantôme, où il n’y aurait plus que quelques survivants…

— Regarde ! l’interrompit Morane.

Il tendait un bras devant lui.

— En tout cas, dit-il, ça, c’est bien réel !…

À l’intersection de la rue de Seine et du boulevard Saint-Germain, à moins de deux cents mètres d’eux, une grosse camionnette venait tout à coup d’apparaître. Elle stoppa net au milieu du carrefour désert, et un homme jaillit de la cabine, puis un second. À peine eurent-ils touché le sol qu’ils se mirent à courir en hurlant.

— Ils viennent par ici, grogna Bill.

Mais les deux amis n’étaient pas les seuls à avoir remarqué les nouveaux venus. Entre ces derniers et les deux amis, une silhouette se dressa brusquement. En même temps, de la camionnette, des appels de klaxon s’élevèrent soudain, crevant définitivement le silence et couvrant les hurlements. L’homme qui venait de se dresser au milieu de la rue détala, se mettant lui aussi à courir comme s’il avait eu le diable aux trousses. Selon toute évidence, il fuyait des poursuivants qui paraissaient acharnés à lui mettre la main au collet.

Ballantine avança machinalement un menton qui ressemblait à un quartier de roc.

— On s’en mêle ? fit-il, tout aussi machinalement.

— On se mêle de quoi ? lui renvoya Morane.

Il comprenait cependant fort bien la réaction de Bill, car c’était aussi la sienne, tout simplement. Deux contre un et, instinctivement, ils se rangeaient du côté de la minorité. Un vieux tic dont ils n’avaient même jamais tenté de se défaire. Mais, cette fois… Des enfants, des femmes, des hommes mouraient à chaque instant depuis trois jours, bientôt quatre, et il fallait autre chose qu’un simple fuyard solitaire pour accaparer toute l’attention des chevaliers des causes perdues qu’ils étaient. Des hommes d’un autre temps, derniers spécimens d’une race en voie de disparition.

Devant eux, le fuyard s’arrêta pile. Sans doute venait-il seulement de découvrir la présence de Bob et Bill. Il n’hésita qu’une seconde, regarda derrière lui, rapidement, avec le mouvement preste et vif d’un animal traqué, aux abois, puis il se remit à courir de plus belle, fonçant tout droit sur ces deux hommes qui n’avaient manifestement pas l’air de vouloir lui barrer la route.

— Laissez-moi passer ! hurla-t-il.

— Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! vociférèrent les poursuivants. Arrêtez-le !…

Saisissant l’Écossais par un poignet, Bob l’attira brusquement contre la façade d’une maison lépreuse dont la porte, ainsi que les fenêtres du rez-de-chaussée, avaient été barricadées à l’aide de planches et de panneaux assemblés vaille que vaille. La plupart des maisons abandonnées de la capitale présentaient maintenant de semblables barricades, plutôt dérisoires, mais cependant destinées à décourager d’éventuels intrus. À Paris, comme partout ailleurs, le baromètre de la confiance était loin d’être au beau fixe.

Courant à toutes jambes, l’homme passa à deux pas de Morane et Ballantine. Il était jeune, convenablement habillé, rasé de frais. Quelque chose brillait dans l’une de ses mains. L’autre serrait la poignée d’un sac de cuir à la panse rebondie.

— Halte !

L’ordre fit sursauter Bob et Bill. D’un même mouvement, ils tournèrent la tête dans la direction de la camionnette immobilisée au carrefour.

— Halte !

Il y avait un type, là-bas, équipe d’un porte-voix, et plusieurs silhouettes gesticulaient à présent autour de la camionnette. Puissamment amplifié par le mégaphone, l’ordre bref et impératif fusa de nouveau :

— Halte !

— Halte-halte-halte-halte-te-te-te-te-te…, répétèrent les échos renvoyés par les façades.

Les deux poursuivants venaient d’arriver à hauteur de l’endroit où se tenaient Morane et Ballantine, et cela juste à l’instant où éclatait la troisième sommation. Ils stoppèrent comme un seul homme et se collèrent précipitamment contre la façade, tout près des deux amis.

— Pourquoi… l’avez-vous… laissé… filer ? demanda en haletant l’un d’eux, un barbu, qui cherchait péniblement à retrouver sa respiration.

Bob remarqua qu’il portait l’uniforme de la Croix-Rouge sous un long cache-poussière gris. Il n’eut pas le temps de répondre, l’eût-il voulu, à la question qui venait de lui être posée. Un coup de feu claqua soudain. À moins de vingt mètres du petit groupe soudé à la façade, le fuyard fit subitement un bond en avant, exactement comme si une main invisible venait de le pousser brutalement dans le dos, et il plongea ensuite. Touchant le sol à plat ventre, il glissa, roula sur lui-même pour s’immobiliser enfin, les bras en croix, la face tournée vers le ciel. L’objet brillant qu’il tenait à la main s’échappa d’entre ses doigts et rebondit sur l’asphalte avec un bruit métallique, énorme dans le silence revenu. Quant à la sacoche de cuir, elle n’avait pas quitté le poing de l’homme.

À côté de Morane, le barbu avait enfin retrouvé son souffle. Il eut un geste nonchalant du pouce par-dessus son épaule pour désigner la camionnette, et il dit joyeusement, sans se retourner :

— Joli coup de fusil, pas vrai ? Un tireur d’élite, le plouc, y a pas à dire !

Le silence des deux autres le poussa sans doute à insister.

— Z’avez vu ça ? dit-il.

— On a vu, fit sèchement Bob.

— Un vrai Buffalo Bill, vot’champion, gronda sourdement Ballantine.

Quelque chose dans l’attitude des deux amis dut alerter le barbu. Il ramena posément sur son uniforme les pans de son cache-poussière, toisa ses voisins pendant quelques secondes pour reprendre sans se troubler :

— Je vois, je vois… Vous n’aimez pas beaucoup ce qui vient de se passer, hein ?

Et, comme ni Bob ni Bill ne répondaient, il poursuivit :

— Z’allez voir autre chose. Et ça ne vous plaira pas non plus, c’est sûr…

Sans un mot de plus, il s’éloigna vers le corps immobile du fuyard que la balle du tireur d’élite avait étendu raide. Son compagnon, demeuré auprès de Morane et de Ballantine, murmura :

— Faut pas le juger trop mal… On en voit des vertes et des pas mûres, depuis trois jours…

Celui-là avait une moustache, mince comme un trait de fusain. Une moustache du type danseur mondain des années 20.

— Forcément, ça endurcit, poursuivit-il. C’est pas qu’on n’a pas de cœur… Faudrait pas croire…

Un coup de menton pour désigner le corps allongé au milieu de la rue, que le barbu venait de quitter après avoir écarté les doigts du type pour lui arracher le sac de cuir, et le moustachu reprit :

— Mais celui-là, celui-là et ses pareils, c’est quand même pas une jolie race. Des vautours, comme qui dirait… Rien d’autre que des vautours…

Il parlait d’un ton monocorde, fatigué, sans essayer de convaincre, en ayant plutôt l’air de poursuivre un monologue.

Le barbu s’était penché pour ramasser un objet brillant qui, entre ses doigts, accrocha un bref instant la lumière du soleil.

— Regardez, dit-il en s’arrêtant devant Bob et Bill et en leur mettant sous le nez un sécateur aux fortes lames souillées de taches brunes, en même temps qu’il cherchait leurs regards.

« Vous comprenez ? reprit-il. Vous comprenez, maintenant ?… Hein ?… Hein ?…

Ça faisait un moment déjà que Morane avait compris. Il posa une main sur le bras de Bill.

— Allez, fit-il, on se taille…

— C’est ça, approuva le colosse… fichons le camp d’ici. Commence vraiment à y avoir un peu trop de monde dans cette rue, à mon goût…

Il exagérait nettement, Bill. Pourtant, des hommes, une dizaine, non, une quinzaine, descendaient maintenant la rue de Seine, venant du carrefour où stationnait toujours la camionnette. Les uniformes de l’armée étaient reconnaissables. Les canons des fusils et des mitraillettes luisaient sous le soleil. Des brancards étaient déposés tout près des formes immobiles qui, de loin, ressemblaient à des paquets de vêtements abandonnés. « N’importe qui, n’importe où, n’importe quand », songea Bob.

— Minute !

Le barbu agitait son sécateur, et il répéta :

— Minute ! Vous n’avez pas tout vu…

— Vous n’avez pas besoin de vous justifier, dit Morane.

— Pas besoin de me justifier… Pas besoin de me justifier… Sûr que j’ai pas besoin de me justifier, mais…

— Laisse-les, Émile, intervint l’autre.

Mais le dénommé Émile insistait.

— C’est vrai, reprit-il, le sécateur agressif, j’ai pas besoin de me justifier…

— Vous l’avez déjà dit, glissa sèchement Bill, qui ne s’était jamais encombré de diplomatie. Vous aviez l’air tout juste un peu trop content quand votre tireur d’élite a fait la peau à ce pauvre diable, voilà tout…

— Pauvre diable ? lança Émile sur un ton suraigu, la voix tout à coup pareille à celle d’un Petit Chanteur à la Croix de bois un peu vieilli et qui se souviendrait du bon vieux temps.

Il paraissait interloqué. À en perdre l’usage de la parole. Pour un instant.

— Allons, allons, tenta de s’interposer le moustachu. Allons, voyons… Allons…

À son tour, il posa une main qu’il voulait certainement apaisante sur le bras de son compagnon, qui s’en débarrassa d’un mouvement brusque, tout en répétant, comme s’il n’arrivait pas à y croire :

— Pauvre diable ?

Il était l’image même de l’incrédulité, Émile. L’image de l’indignation, de la bonne conscience outragée.

Mais il enchaîna, cette fois, presque sans respirer, lancé comme un pick-up emballé :

— Il savait très bien ce qu’il faisait, votre pauvre diable. Ou alors, c’est peut-être qu’il n’avait pas lu les journaux ? Ou qu’il n’avait pas vu les avis placardés partout dans Paris ? Et il n’avait certainement pas entendu non plus les avertissements lancés à la radio, ou à la télé, à l’adresse des types de son genre, hein ?… D’ailleurs, quand il a pris ses jambes à son cou, tout à l’heure, il ne savait sans doute pas ce qu’il faisait, votre pauvre diable, hein ?

Il en bavait littéralement, et il répéta encore, trois fois de suite :

— Hein ?… Hein ?… Hein ?…

Ballantine haussa ses larges épaules de catcheur superlourd. Alors, rageusement, le barbu balança le sécateur dans le caniveau avant de s’escrimer sur la sacoche de cuir, tentant maladroitement de l’ouvrir de ses mains fébriles, pendant que le moustachu l’énervait sans doute encore davantage en le submergeant de lénifiants : « Allons, allons, Émile… Laisse tomber, Émile… T’énerve pas comme ça, Émile… Te mets pas dans des états pareils, Émile… »

— Laisse-moi, marmonnait l’autre, le front buté, tout en continuant à se bagarrer avec la sacoche. J’veux leur montrer, moi… C’est tout… Rien d’autre… Simplement leur montrer, leur faire voir à quoi ils s’amusent, leurs pauvres diables, à quoi ils passeraient tout leur temps si on les laissait faire…

Subitement, la sacoche s’ouvrit. En même temps, elle sautait des mains malhabiles de l’énergumène pour tomber sur le trottoir et y répandre son contenu qui s’éparpilla aux pieds des quatre hommes.

— Qu’est-ce que je vous disais, lança Émile sur un ton de victoire. Qu’est-ce que je vous disais, hein ?

À terre, il y avait des colliers de perles, des chaînes d’or, des pendentifs, des médaillons, des montres, des bracelets, des pièces de monnaie, des billets, des bagues… et quelques doigts aussi. Des doigts sanglants, tranchés net au sécateur, avec des anneaux d’or ou d’argent qui demeuraient incrustés dans les chairs blêmes.

— Sont obligés de faire vite, vos pauvres diables, vous comprenez ? crut nécessaire d’expliquer Émile. Sont pressés, les pauvres diables ! Des fois qu’ils se feraient surprendre, hein ? Et si on leur tombait dessus pendant qu’ils sont en pleine action, hein ?… Alors, hop ! Un bon coup de sécateur, et le tour est joué… On terminera le boulot plus tard, quand on sera loin, en sécurité…

Morane enjamba le triste butin, fit un pas, un deuxième. Ballantine suivit. Ils s’éloignèrent. Derrière eux, Émile continuait, intarissable, haussant la voix pour se faire entendre, voulant prouver à tout prix qu’il avait eu raison de se réjouir de la mort du pillard.

— Des détrousseurs de cadavres, hurlait-il. Ils vous couperaient la gorge pour vous prendre dix centimes ! Pires que les rats, je vous dis !…

Deux bidasses, portant un brancard, s’approchaient, venant à la rencontre de Bob et Bill. Deux bidasses par une belle journée de printemps, la mitraillette en bandoulière. Ils croisèrent les deux amis sans les regarder. Ils étaient jeunes, avec des yeux vides qui ne voulaient sans doute plus voir, qui en avaient sans doute trop vu.

Et la voix hargneuse d’Émile, qui n’en finissait pas de hurler.

— Prévenus, qu’ils étaient… L’ont dit à la radio… C’est affiché partout… Les pillards seront abattus… Bien fait pour leurs pommes !… Où c’est qu’on irait, j’vous l’demande ?

 

Le poison de l'Ombre Jaune
titlepage.xhtml
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-135]Le poison de l'Ombre Jaune(1976).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html